Pourquoi je ne participerai pas à l’Académie Balzac

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En mars dernier, les Éditions du Net lançaient un projet plutôt prometteur (sur le papier) : l’Académie Balzac, première émission permettant de suivre des écrivains au plus près de la réalité.

L’idée était simple et sympa : sélectionner 20 auteurs qui auront pour mission de rédiger ensemble, et en 20 jours, un roman sur le thème de leur choix. À l’issue du défi, le roman devait être édité et publié à l’occasion de la Journée du Manuscrit (le 24 octobre).

Seule condition pour postuler : avoir édité au moins un livre à compte d’éditeur. Du coup, je décidais de postuler pour cette aventure assez inédite, plutôt stimulé à l’idée de rencontrer d’autres auteurs, de tester de nouvelles méthodes d’écriture… et de passer 2-3 semaines dans un château pour l’occasion !

Quelle déception.

Un mois après le lancement, le système de vote avait changé : le principe initial (avec un nombre d’étoiles allant de 1 à 5) fut transformé en comptage de votes pur et simple (le vote pour un auteur comptant pour un et le vote pour un livre comptant pour deux).

Un mois après le lancement, les règles avaient changé : plus besoin d’être édité à compte d’éditeur pour postuler, quiconque ayant été publié à compte d’auteur ou auto-édité pouvait candidater… et les Editions du Net offraient au passage à chaque candidat potentiel de se faire auto-éditer en urgence. Business is business.

Sur le principe, changer les règles en cours de route, vous comprendrez que ça titille le juriste qui sommeille (parfois) en moi.

Mais surtout, un mois après le lancement, alors que de nombreux candidats mobilisaient leurs réseaux pour promouvoir à la fois le projet et leur candidature, les organisateurs ne faisaient absolument rien pour animer la communauté qui s’agrégeait lentement autour de cette aventure (encore) prometteuse.

Signaux d’alerte.

Une dizaine de candidats a donc écrit à la production pour faire part de leurs inquiétudes et de leurs réserves… balayées d’un revers de main par les organisateurs : tout allait décoller comme pas possible avec une animation et une promotion de fous, et 800 000 € de budget pub permettraient une visibilité du tonnerre. L’Académie Balzac allait prendre une toute autre ampleur, on allait voir ce qu’on allait voir !

Bon, au passage, on nous disait quand même que « le règlement évoluera certainement ». Encore ?

Bref, 4 mois plus tard, rien de neuf à l’horizon, si ce n’est un défi risible consistant à rédiger un texte sans verbe. A noter que le défi était éliminatoire pour ceux qui n’y participaient pas… Pourtant, il n’y a eu qu’une centaine de participants, et le site recense encore 594 inscrits. Pour compenser (?), le règlement a encore changé : là où il devait y avoir cinq gagnants, les organisateurs ont finalement décidé qu’il y en aurait dix. Du grand n’importe quoi.

L’Académie Balzac s’est complètement discréditée en multipliant les déclarations grotesques et les écrans de fumée burlesques. C’est bien dommage, car il y a de vrais talents parmi les candidats. L’idée de départ était bonne, mais les moyens déployés n’étaient pas à la hauteur, et les motivations des organisateurs n’étaient pas forcément celles qui étaient affichées au départ…

Je n’ai pas l’habitude de laisser tomber une aventure en cours de route, mais il faut parfois savoir mener les batailles utiles et justes, et se concentrer sur l’essentiel. Ce projet ne mérite vraiment pas que j’y dépense encore du temps et de l’énergie. Plus encore : ce projet ne mérite vraiment pas que vous y dépensiez encore du temps et de l’énergie.

Merci à toutes et à tous.

Parce que la vie est courte et qu’il faut en profiter, j’ai donc décidé de quitter l’Académie Balzac. Encore classé dans le top-10 des candidats, j’avais pourtant toutes mes chances d’être sélectionné. Mais soyons honnête : même si j’étais retenu pour le défi final, je n’y foutrais pas les pieds. Donc autant supprimer ma candidature dès maintenant.

Ayant récolté plus de 5720 votes à l’heure où j’écris ces lignes (c’est plus que bien des candidats aux municipales…), je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui ont pris le temps de soutenir ma candidature en m’accordant quelques clics et quelques votes.

Ce soutien et cette énergie m’ont permis de finaliser plusieurs projets de livres (comme éditeur et comme auteur) et d’en lancer d’autres. Grâce à cette expérience, j’ai bénéficié de l’enthousiasme et des encouragements d’un nombre incroyable de personnes toutes aussi incroyables.

Encore merci et à bientôt pour de nouvelles aventures !


Juste pour la postérité, je vous propose de trouver ci-dessous le « poème » que j’avais produit pour le défi consistant à écrire un texte sans verbe… Toute cette histoire y est résumée avec un regard décalé !
 
Révolution chez les dindons

L’académie Balzac ?
Vacances, campagne, évasion,
Grand luxe au château de Brillac ?
Au début, grosse motivation !

Défi littéraire,
Plein d’auteurs,
Diffusion planétaire,
Ecriture à toute heure !

Alors inscription,
Chasse aux clics,
Diffusion et promotion,
Grosse campagne numérique !

Début des hostilités :
100 votes, 200 votes, 300 votes…
Enthousiasme partagé :
500 votes, 1000 votes, 1500 votes…

E-mails aux amis,
Appels à la famille,
SMS en séries,
Quel plat de lentilles !

Premières inquiétudes,
Courrier aux organisateurs,
Promesses en foultitude,
Mais peu de bonne humeur.

Poursuite des sollicitations :
2000 votes, 2500 votes…
Début de stagnation
Mais on atteint 3000 votes !

Quelques commentaires en chemin,
Procès en illégitimité,
Quelques jaloux et des crétins :
Proses et livres contestés…

Insouciance devant la bêtise,
Poursuite de l’aventure,
Mais interrogations sur l’entreprise,
Joli projet ou forfaiture ?

Renouveau des inquiétudes,
Courrier aux organisateurs,
Nouvelles promesses en foultitude,
Mais désormais une drôle d’odeur.

800 000 euros de publicité,
Inondation des territoires,
Grosses opérations de notoriété,
Et autres engagements illusoires…

Discussions entre candidats,
Motivation en berne,
Gros doutes sur ce projet-là :
Beaucoup trop de balivernes !

Ennui terrible sur ce projet,
Vraiment aucune animation,
Triomphe du candidat-objet
Comme support de promotion.

Puis soudain un défi
Un peu bidon et un peu con
Drôle de gestion d’une ménagerie
Au fonctionnement un peu abscons

Un texte sans verbe ?
Un projet sans verve !
Envie d’un texte avec cent verbes
Dans cette littérature en conserve !

Soudain un peu de promotion…
Pour le projet et les auteurs ?
Bien sûr que non petit dindon :
Pour le projet de l’éditeur !

Amis auteurs et candidats,
Amies auteures et candidates,
Voilà l’objet de ce brouhaha :
De la promo pour une seule date !

Non pas le soir de la finale
De ce défi si prometteur
Mais un projet bien plus vénal
Aussi porté par l’éditeur

C’est leur Journée du Manuscrit !
Voici le fin mot de l’histoire
Le but caché de ce défi…
Et mes espoirs mis au placard

Face à cette vilaine farce
Grosse tentation d’un abandon
Grogne chez les gars et les garces
Révolution chez les dindons ?
 
 
academie-bastringue

 



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jemabonne

 

3 commentaires sur « Pourquoi je ne participerai pas à l’Académie Balzac »

  1. ouais belle aventure au depart!!! qui s est transforme en eau de boudin comme disait ma maman!!!!

  2. Bonjour à tous,
    Comme vous le savez, j’ai participé à un concours littéraire nommé Académie Balzac et je tiens à vous remercier tous du fond du cœur pour votre soutien. Les votes se sont terminés le 31 août et je termine à la 46e place avec 1810 votes sur plus de 250 inscrits. Je ne serais donc pas qualifié pour la finale de ce concours.
    Sans regrets, car il y a eu embrouille. Les dés étaient pipés. Ça sentait l’entourloupe. Remarquez que je ne sais pas si l’entourloupe sent mais ma foi, cette expression me sied.
    Dès le début, je me suis pris au jeu et j’ai fait ce qui était nécessaire pour faire de la pub auprès de vous amis et lecteurs, et aussi auprès de quelques médias locaux. Article dans la Dépêche du Midi, Télé Figeac (télé locale) et quelques radios.
    Tout avait l’air de se dérouler normalement. Je caracolais il y a trois mois dans les 20 premiers jusqu’à ce que je sois alerté par des candidats qui prenaient entre 200 à 500 votes en une nuit. Autant de noctambules qui se passionnent pour ce concours très peu médiatisé ? Mince, je ne savais pas qu’il existait tout une génération spontanée de lecteurs nuiteux. Méfait de la pleine lune, de la lune rousse, de la nuit noire, des OVNIS ? Allez savoir.
    Le doute s’est instillé en moi. Renforcé également par des règlements internes qui n’ont cessé d’évoluer au fur et à mesure de la progression du concours. Vote pour l’écrivain 1 point. Vote pour le bouquin 2 points. Du coup, ceux qui avaient publié 3 ou 4 livres étaient avantagés. Le branchement direct sur la multiplication des votes était né.
    J’ai démarré mon enquête au quart de tour et sans starter en me mettant à fouiller et à décortiquer à la manière de Sherlock Holmes. Voyons un peu cette affaire de votes suspects mon cher Watson. Trop facile, même pas eu le temps de phosphorer. Les preuves étaient là, dans les Facebook des écrivains. Inscrit noir sur blanc en caractère gras pour bien ressortir.
    Pas d’ambiguïtés. Il était écrit « … Votez, votez tous les jours avec les smartphones, tablettes, ordinateurs de bureau, portables, minitel (non pas celui-là…) etc. Votez à pied, à cheval, en bateau, en avion, en voiture, en taxi, à dos de chameau, bref ! Votez… » Caricatures mises à part, le contenu était vrai.
    Enfer ! Dans les 20 premiers où je figurais il y a peu, 15 écrivains avaient mis en place une machine à votes et 2 l’avaient cautionné. 17 sur 20. Que de « Bons élèves ». Sauf que nous n’étions pas à l’école, mais dans un concours « honnête ». Les trois derniers (dont moi) près du radiateur n’ont pas eu recours à une telle méthode. Il fallait y penser quand même : mettre en place une machinerie spéciale vote. Une M.S.V. (nouveau sigle, marque déposée bien sur…)
    Les bras m’en sont tombés.
    Fier de ma découverte, j’ai donc écrit plusieurs fois aux organisateurs du concours en leur disant de vérifier sur les Facebook des écrivains. Je leur ai rappelé que d’après un des règlements du concours, un seul vote n’était autorisé par un internaute. Je leur ai suggéré d’arrêter le concours et de sélectionner par un jury 20 écrivains d’après leur texte pour la finale.
    Après plusieurs communications pas très fluides, ils m’ont répondu qu’ils allaient mettre en place des défis pour sélectionner les 20 candidats. Ils m’ont aussi répondu qu’à partir de 10 votes, c’était impossible de déterminer qui triche ou pas. Curieuse réponse. En effet si un écrivain ne totalise que 100 votes sur 6 mois, il est évident qu’il ne triche pas. Mauvaise foi quand tu nous tiens…
    Vous conviendrez qu’un vote n’est représentatif que s’il est fait par une personne qui a lu le texte et qui l’approuve. Que cette personne en parle autour de lui et fasse de la pub pour que les gens votent ou pas est logique.
    Mais le vote matraquage organisé tous les jours par une petite troupe de fans, spécialiste de la souris et du clic gauche était devenu du grand-guignol. J’ai essayé de voter tous les jours et c’est possible. Il suffit par exemple de débrancher et de rebrancher votre Live Box, ou bien de voter avec plusieurs réseaux WIFI. Simple, très simple.
    Des amis m’ont demandé mon avis et s’il fallait faire comme les autres. J’ai répondu non, et ils étaient d’accord et soulagés. Aucun d’entre eux n’avait envie de cautionner une « machine à voter ».
    Les votes doivent représenter la valeur de l’écrivain, pas un classement en vue d’une qualification.
    Les défis mis en place par les organisateurs n’ont rien changé. En effet, les M.S.V TGV ont continué de plus belle. J’ai même vu une écrivain passer de 500 à 4 000 votes en quelques nuits. Que de fans du côté obscur !
    Vous en conviendrez, ce n’est pas très sérieux.
    Je salue au passage deux écrivains, l’une qui était dans le top 5, l’autre dans le top 10 et qui se sont retiré du concours.
    Certains pourront me dire que le fait de voter tous les jours n’est pas grave, et que l’important est de participer à la finale, bla, bla, bla et encore bla. Mais la vérité est qu’un concours doit être honnête. S’il ne l’est pas, il perd de facto la confiance et l’intérêt.
    Le plaisir de participer à ce concours à été gâché par manque de clarté et d’honnêteté. Je n’ai aucune rancœur sur l’organisation de ce concours ni envers les candidats.
    Je trouve juste dommage que l’on puisse cautionner de part et d’autre un manque d’éthique et d’intégrité pour un jeu qui avait pour but de refléter les qualités réelles d’un écrivain.
    Claude Janvier. 3 septembre 2014

  3. Je suis resté dans la course, par curiosité d’internaute.
    Moi aussi, j’estime que tous les votes ne sont pas clairs, mais seulement sur quelques noms.
    Ce qui n’est pas clair non plus, c’est quelques choix d’interview comme de coup de pouce pour les lauréats des WE et des 2000 points : certains ne méritaient vraiment pas.
    D’un autre côté, je comprends que les organisateurs aient besoin de s’assurer de quelques soutiens dans le milieu pourri des médias, tandis que les « poireaux » du net galèrent pour se faire remarquer.
    En véritables blogueurs/auteurs, il ne reste que Magali Aita et moi. Rémi Manque, et abandonner n’était peut-être pas un bon choix stratégique.
    En effet, les moyens de cette « académie » sont assez conséquents et rares. Des blogueurs retenus peuvent mieux profiter sur la durée des bénéfices d’une sélection, tandis que les petits auteurs qui vont squatter ne conserveront qu’un os sur la cheminée.
    Quant aux « pistonnés », eux aussi vont pouvoir profiter et montrer leur « récompense » dans les « milieux qui comptent ». Malheureusement, certains sont vraiment peu originaux et chiants à lire, ce qui n’est pas spécialement une bonne pub.
    Je connais pourtant sur Atramenta quelques dizaines d’auteurs en ligne qui auraient dû se lancer eux-aussi pour défendre le « talent du net ».
    Je suis loin d’être le meilleur représentant de ce « talent » mais je suis le seul qui se donne tous les moyens de pouvoir aller jusqu’au bout si le Jury me laisse passer ce qui n’est pas vraiment gagné. Tout ça parce que j’espère pouvoir placer « Atramenta » dans une video Youtube, parler des blogueurs, des indignés, des licences libres, de la Liberté qui doit éclairer chaque esprit, et pour laquelle l’ersatz pseudo démocratique de l’Ouest dans lequel nous baignons est une véritable offense.
    Tout ce qui vient sur le Net en se réclamant du Net doit être infiltré par le Net, le vrai, celui de ceux qui le font sans songer à lui comme à une exploitation. Et nous ne sommes que deux, loin dans le classement, alors que Rémi était dans les dix ou quinze premiers.
    C’est bien dommage, car l’année prochaine, ce même concours sera envahi par les facebookais et les twiteriens.

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