Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les scientifiques de l’Université de Las Palmas aux Canaries et de l’Université de Navarre. Ils sont formels, et leur étude publiée dans Public Health Nutrition est sans équivoque, comme l’explique Almudena Sánchez-Villegas dans El Mundo :
« Nous avons constaté que les participants ayant une consommation plus élevée de restauration rapide ont un plus grand risque de dépression que les participants n’ayant pas consommé ces aliments. Le risque est accru d’environ 40%. »
40%, ce n’est pas rien ! Quand on sait qu’on trouve environ 20% de dépressifs chez les 15-25 ans français, il y a de quoi être inquiet. Or l’enjeu de cette étude est bien plus vaste : la dépression affecte 121 millions de personnes à travers le monde. Et si des études antérieures suggèrent le rôle préventif de certains nutriments et aliments (vitamines B, oméga-3…), on sait encore peu de choses sur le rôle de l’alimentation dans le développement de troubles dépressifs.
Pourquoi la junk-food rend dépressif ?
Pour en découvrir plus dans ce domaine, cette étude initiée en 1999 a été menée sur 8964 participants ne présentant aucun diagnostic de dépression au début de l’enquête. Pendant 6 ans, ils ont rempli tous les deux ans un questionnaire sur leur mode de vie et leur consommation alimentaire. Au cours de cette période, 493 participants ont été diagnostiqués dépressifs, et l’analyse des résultats montre une relation positive entre la consommation de fast-food et de pâtisseries industrielles et le trouble dépressif.
« Une possible explication est la présence importante d’acides gras de type trans dans ce type d’alimentation. Ces acides gras peuvent avoir des effets négatifs sur différents systèmes biologiques, sur le risque de maladie cardio-vasculaire, mais aussi de dépression. »
En effet, les acides gras trans pourraient augmenter la production de cytokines inflammatoires, qui diminuent la synthèse des neurotransmetteurs (nécessaires pour la transmission nerveuse, et qui diminuent en cas de maladie mentale) et des neurotrophines, autres éléments liés au bon fonctionnement des neurones.
Et si c’était la dépression qui fait aimer la junk-food ?
Mais on pourrait aussi se dire le contraire : peut-être que ce sont les gens qui souffrent de dépression qui consomment davantage de junk-food ? José Luis Carrasco, chef de l’unité des troubles de la personnalité à l’hôpital universitaire San Carlos de Madrid, admet :
« Les personnes déprimées ont tendance à manger plus mal et plus vite. Elles n’ont pas des habitudes de vie saines et le stress les empêche de s’assoir pour manger tranquillement. Comme dans cette étude les gens n’étaient pas déprimés à la base, il faut envisager deux explications au lien entre fast-food et dépression : une explication biologique, et une autre liée au tempérament. »
L’explication est donc peut-être une gymnastique amusante mais elle ne tient pas trop la route : l’étude est basée sur des gens qui n’avaient pas de dépression quand ils ont commencé à répondre aux questionnaires… Par contre, l’attrait des personnes dépressives pour la malbouffe est assez simple à comprendre selon le docteur Carrasco :
« Le fast-food produit une satisfaction immédiate et une sensation de satiété. C’est comme les bonbons ou les gâteaux, qui sont des aliments créateurs de dépendance et qui attirent les personnes avec un certain type de tempérament. Si une personne à une prédisposition à la dépression, une instabilité émotionnelle, elle a souvent des habitudes alimentaires basées sur les hamburgers, les pizzas, bref sur ce qui permet de manger en 5 minutes. »
Conclusion : même si vous n’avez pas la pêche, mangez sainement et faites du sport, ça vous évitera de devenir aussi gras que malheureux !
5 commentaires sur « La dépression au bout de l’assiette : le fast-food et les acides gras trans augmentent le risque de troubles dépressifs »